Est-il possible de réécrire les mythes fondateurs de l’histoire ancienne à partir de l’héritage pictural de Jackson Pollock ? C’est ce que fait précisément Cy Twombly né à Lexington (Virginie, Etats-Unis) en 1928.
Son prénom Cy signifie « Cyclone », non en référence à un quelconque héros ou géant mythologique, mais au surnom donné à un joueur de baseball hors pair que son père admirait beaucoup.
Ses premières toiles sont des monochromes all-over d’un blanc visqueux où se déversent écritures et graffiti faits à la mine de plomb et aux crayons de couleurs, certains suggérant une sexualité libérée.
Installé en Italie à partir de 1959, Twombly tourne le dos à l’Amérique et se cherche de nouvelles racines méditerranéennes. Il dévore les livres avec un goût prononcé pour les Anciens (Virgile, Homère, Sappho) sans toutefois délaisser les auteurs « Modernes » (Mallarmé, Rilke, Keats).
Twombly aime mettre en scène un récit sous la forme d’un Cycle c’est-à-dire une suite continue de tableaux. Avec Nine Discourses on Commodus 1963 il montre sa capacité à traduire un fait historique avec une puissance dramatique digne du théâtre antique.
On ne qualifiera pas son œuvre d’intellectuelle si on prête au mot le sens d’hermétique. Au fur et à mesure des décennies son geste se fait de plus en plus ample et généreux. Les empreintes de doigts, les gribouillages et les accidents de la peinture qui coule, s’agglutine en empâtements, les mots et les signes…tout cela parle à nos sens. La couleur, timide au début, monte en gamme progressivement. Elle se déploie dans les nuances de chair et de rouge pompéien dans Dutch interior et l’Age de Flore. Elle décline les couleurs du temps qui passe sous la forme des Quatre Saisons. Elle atteint sa plénitude dans les peintures céladon des années 2000. Autant de toiles, autant de miroirs qui nous sont tendus.

     

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